La culture en permaculture

La culture en permaculture

01/06/2015 3 Par Gwenn

J’ai envie de vous parler de la permaculture, enfin plus précisément de la culture en permaculture. Je ne peux évidemment parler que de ce que je connais et comprends aujourd’hui, à mon petit niveau de débutante. Je suis en train de faire mon tout premier potager « de toute ma vie entière », et j’ai envie de partager mes découvertes et avancées… et mes erreurs aussi! Ça viendra dans de prochains articles, pour l’instant je pose les bases…

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Si vous voulez savoir ce qu’est la permaculture vous pouvez aller sur des sites qui vont tout très bien vous expliquer, vous dire qui en sont les fondateurs, quelles en sont les grandes lignes, etc.

Moi je vais simplement faire une synthèse de ce qui me semble le plus important, à mon niveau, j’en aurai certainement une autre approche dans quelques années.

La permaculture

Alors déjà, la permaculture c’est une approche globale de notre rapport au monde, à l’autre, à la nature, à la société, à nous-mêmes… On essaie d’interagir au mieux avec notre environnement, d’être le plus autonome possible (ne pas faire travailler et souffrir d’autres personnes pour notre propre confort, se responsabiliser), d’avoir moins d’impact sur la planète, etc. C’est vraiment le principe : retrouver un fonctionnement le plus naturel possible, naturel pour nous et pour la nature.

Un permaculteur complet cultivera ses fruits, légumes et céréales mais aura aussi ses propres animaux pour la consommation, le travail (transport, défrichement…) et le fonctionnement de la nature (régulation). Il sera autonome en eau et électricité, complètera ce qui lui manque avec ses voisins (échanges), ne produira pas de déchets (tout se recycle), etc.

Je vous mets une image qui illustre un peu cette idée (cliquez dessus pour aller la voir plus en détail en pdf, là je ne mets qu’une partie) :

FleurPermaculturelle

La culture en permaculture

Et dans tout ce système je tiens surtout à vous parler de la culture potagère en permaculture… qui est le fait de cultiver en fournissant le moins d’efforts possibles (pour l’humain) et en dérangeant le moins possible la Nature. On observe son fonctionnement et on le reproduit chez soi. Le but est d’obtenir un fonctionnement à long terme (permanent), qui va s’auto-réguler.

Un bon exemple, la butte

butte-sandwich

La butte est une très bonne manière d’y arriver, Philippe FORRER nous explique comment confectionner une butte auto-fertile dans cette vidéo super intéressante (22min46) :  Philip Forrer présente « Le Jardin du Graal ».

En bref, on donne à manger aux champignons qui vivent sous la terre grâce au bois pourri, et ce même bois (parfaitement décomposé, c’est important) va absorber l’eau de pluie comme une éponge et donc la garder très longtemps… comme en plus on rajoute du « mulch » (du paillage) en surface (feuilles mortes, paille, tontes de pelouse, branchages déchiquetés, etc.) l’eau ne pourra pas s’évaporer et restera encore plus longtemps dans la terre… Résultat : plus besoin d’arroser, le travail se fait tout seul. Exactement comme dans la forêt où le bois mort se mélange à la terre et où les feuilles qui tombent recouvrent en permanence le sol… personne n’arrose une forêt, elle se débrouille toute seule.
En fait, la règle c’est : ne jamais laisser un sol nu, c’est comme si on laissait un humain en plein soleil sans peau : il sèche, il cuit et il crève!

En plus, le paillage sert aussi à empêcher les herbes autres que nos légumes de pousser, ça évite le désherbage : encore moins de travail du sol (en conséquence, moins de fatigue pour nous et moins de dérangement pour la terre et ses habitants).

Ça c’est une des clefs en permaculture :

  • Chaque élément a plusieurs fonctions, comme ici pour le paillage (empêcher l’eau de s’évaporer, étouffer les herbes non souhaitées à cet endroit, utiliser certains végétaux qui repoussent certains insectes…).
  • Et chaque besoin est rempli par plusieurs éléments : pour l’eau on a l’arrosage par la pluie, l’arrosage manuel si besoin, le paillage pour éviter l’évaporation, le bois mis sous la butte qui va l’absorber et la rediffuser, etc.

Il y a vraiment une idée d’interdépendance qui crée une auto-régulation sur le long terme.

Les interactions

PredateursLimaces

Il faut apprendre à connaître le fonctionnement et le rôle de toutes les plantes et de tous les animaux qui vivent ou qui viennent se nourrir au jardin.

On apprend que les plantes s’entraident. Par exemple, la carotte repousse la teigne du poireau qui lui-même éloigne la mouche de la carotte… les planter côte à côte est donc une très bonne idée! Quand on plante un champs entier d’une seule espèce de plante potagère, tous les insectes et animaux qui s’en nourrissent la sentent de très loin, c’est un appel irrésistible à venir se servir! Alors que si on plante plusieurs espèces ensemble, elles vont se protéger entre elles.

En permaculture il n’y a pas d’« indésirables », de « mauvaises » herbes ou de « nuisibles ». Chaque élément à son rôle et si quelque chose ne fonctionne pas bien (trop de limaces, trop d’herbes qui viennent étouffer nos cultures, etc.) c’est qu’on a créé un déséquilibre quelque part.

Un exemple? Une des angoisses du jardinier : trop de limaces! On peut choisir de les tuer (mais elles sont indispensables, du coup le sol va s’épuiser au bout d’un moment… ) ou comprendre qu’elles n’ont juste pas assez de prédateurs : certains insectes, les oiseaux, les hérissons… Donc on fait des abris pour hérissons (vidéo de 2min47), on attire les oiseaux, on laisse des tas de bois en décomposition pour attirer les insectes prédateurs, etc. On fait aussi en sorte que le sol décompose bien les déchets, sinon la limace, dont c’est le rôle, va arriver en nombre pour réguler ça. Bref, on recrée l’équilibre naturel.

Ça peut prendre du temps, en attendant on apprend à connaître les plantes qui peuvent les repousser (l’ail, la fougère…) ou les attirer pour qu’elles oublient nos salades (l’œillet d’Inde), on leur laisse des morceaux de salade au sol (parce que leur rôle et de digérer pour la terre les plantes en décomposition, elles préfèrent largement une feuille de salade tout juste arrachée qu’une feuille toute fraîche! Mais quand on ne le sait pas on garde son jardin tout beau tout propre et elles n’ont plus que nos salades à se mettre sous la dent…).
Ça s’appelle la gestion holistique des limaces, Hervé COVES en parle très bien, c’est LA vidéo de référence sur le sujet (1h15) : La gestion holistique des limaces – Hervé COVES.

La connaissance du sol

LaFaune

Le sol est hyper complexe, il y a des bestioles qui vivent très près de la surface (certains vers de terre par exemple), elles ont besoin d’oxygène, et d’autres qui vivent plus profondément et qui vivent donc sans oxygène. Il y a aussi de gros vers de terre qui font les ascenseurs, ils remontent à la surface pour prendre la matière décomposée (par les limaces entre autre) et la descendre loin sous terre pour la mélanger avec l’argile et en faire de la terre riche. C’est tout un monde.

Alors, si on retourne la terre comme le font certains jardiniers… on enterre les bestioles qui ont besoin d’oxygène (on les étouffe) et on met à l’air celles qui n’en ont pas besoin (comme si on mettait un poisson hors de l’eau)… résultat, elles crèvent toutes, le sol est mort et on doit apporter des produits chimiques pour nourrir les plantes (comme dirait une amie : « Ah bah bravo, clap clap clap! » ^^ ).

Il y aurait tellement d’autres choses à dire : la connaissance des besoins des différentes plantes (en nutriments (potassium, azote, etc.), en eau, en exposition…), les types de sol (PH, compact ou aéré, calcaire ou non…), les outils à privilégier (la grelinette (2min39)! Et ses dérivés améliorés (0min37)), etc. Mais ça serait trop long.

Et tout ça demande un peu d’investissement personnel au départ mais au fur et à mesure que tout se met en place, l’intervention de l’homme se fait de moins en moins indispensable, tout se régule de façon autonome.

Quelques vidéos bonus :

Bernard Ronot nous explique comment on en est arrivé à utiliser les herbicides, engrais, insecticides, etc… c’est surprenant et très instructif (28min31) : Bernard Ronot, de l’agriculture intensive à la biodynamie.

– LES connaisseurs du sol en France, Claude et Lydia BOURGUIGNON, qui expliquent parfaitement bien son fonctionnement :

Voilà, et après la théorie… la pratique! J’espère revenir vous en faire profiter rapidement! 😉

Pour aller plus loin

Vous pouvez vous inscrire à cette formation certifiante en Jardinage Biologique :