Les pensées jugeantes

Les pensées jugeantes

18/09/2012 0 Par Gwenn

« Il est mal habillé aujourd’hui. », « Elle n’aurait pas du faire ça comme ça ! », « Il refait toujours les mêmes erreurs. », « Je n’aime pas quand elle fait ça. », « Il ne sait pas faire », « Quelle erreur ! Moi je … », …

Les pensées jugeantes sont souvent bien plus présentes en nous que les pensées bienveillantes. Ce sont des automatismes qui arrivent d’on ne sait où et que nous faisons nôtres pour ensuite les partager.

Essayons d’abord de comprendre d’où viennent la plupart d’entre elles …

Prenons l’exemple de mademoiselle X, qui n’existe ni dans le temps, ni dans l’espace.
Plaçons-la dans une société donnée où il est habituel de se laver les mains avant de manger. On lui apprend donc à le faire dans son enfance, et si elle a le malheur de ne pas le faire par la suite on le lui reprochera.
Plaçons-la maintenant dans une seconde société où il n’est pas habituel de se laver les mains avant de manger, on ne le lui apprend donc pas, et si elle ne le fait pas par la suite personne ne le lui reprochera.

A son tour, dans la première société elle le reprochera aux autres, alors que dans la seconde cette pensée jugeante ne lui traversera même pas l’esprit.

La plupart de nos pensées jugeantes viennent des autres, des jugements qu’on a nous-mêmes reçu tout au long de notre vie. Elles ne nous appartiennent pas.
C’est bien simple : plus on aura été jugé, plus on aura tendance à juger à notre tour. Nous reproduisons donc quelque chose qui a été désagréable pour nous, en oubliant sur le moment qu’elle l’est aussi pour l’autre.
Sachant qu’en plus d’être désagréable, un jugement peut provoquer un traumatisme et ainsi influencer toute une vie …

Pourquoi jugeons-nous ?

En tant qu’individu qui nous construisons par rapport au monde qui nous entoure, nous avons une tendance certaine à la comparaison. Ce n’est pas un mal en soi, c’est une manière de nous remettre et de remettre le monde en question en permanence, donc d’évoluer et de développer notre esprit critique. Un aller-retour permanent entre nous et l’autre, l’autre et nous, un lien.

Là où ça tourne mal … c’est quand au lieu d’observer de façon neutre, ou mieux, de se servir de nos observations pour apprendre, nous nous en servons pour justifier ce que nous sommes. Juger et rejeter au lieu d’observer et d’apprendre.

Face à quelqu’un qui fait différemment de nous, un « Oh c’est intéressant ! » est plus constructif, pour l’autre et pour nous, qu’un « Il ne sait pas faire ! ». Pourtant ce n’est pas la première pensée qui traverse notre esprit.

Qu’est-ce que ça nous apporte et apporte aux autres ?

Une pensée jugeante exprimée, donc validée, nuit aux autres et à nous-mêmes.

Partons du principe que l’exprimer c’est se soulager … exprimer un jugement nous soulage donc sur le moment. Mais ensuite il nous reviendra, soit par la culpabilité, soit par des jugements en retour. Quelqu’un qui a tendance à juger est particulièrement jugé lui aussi, on l’attend au tournant, on l’observe pour trouver la faille qu’il pointe si aisément chez l’autre.

Pour se défendre on dit souvent « Oui mais je me fiche du jugement des autres ! », on ne s’en fiche pas non, on préfèrerait que les autres ne nous jugent pas et qu’ils cherchent à nous comprendre à la place.
On a besoin d’être accepté dans ce qu’on est, pas rejeté.

Beaucoup d’adultes disent « J’étais déjà jugé dans l’enfance, j’étais différent, rejeté, incompris. ».
Quels choix ont-ils eu pour se construire avec ça ? Celui de se construire contre les autres, celui de se fondre parmi les autres, ou celui d’être perdu à jamais entre les deux. Ils ne trouvent donc pas véritablement leur place, mais celle qu’on leur a poussé à prendre.

Aujourd’hui, l’adulte qui juge est donc un enfant qui a été jugé et qui n’a pas trouvé sa place. Et il justifie et ancre cette non-place en jugeant à son tour les autres, en les poussant, eux aussi, à ne pas trouver la leur.

Que faire face à ces pensées jugeantes qui nous assaillent ?

Commençons par les observer …

Quand une pensée jugeante pointe son nez, demandons-nous ce qu’elle fait là.
D’où vient-elle, qui nous l’a apportée, que nous a-t-elle apporté, qui jugeons-nous vraiment, quel but sert-elle, et quelles conséquences aura-t-elle si nous la laissons s’exprimer, sur nous et sur l’autre ?

Puisque cette pensée nous a été imposée par d’autres, et qu’elle nous appartient à présent, pourquoi devrions-nous la léguer à notre tour ? Pourquoi ne pas la laisser partir comme elle est venue, histoire qu’elle n’ait plus la possibilité de nuire ?

Puis, remplaçons ces idées par des idées neutres, curieuses … voire accueillantes et bienveillantes.
Ouvrons-nous au lieu de nous fermer. Apprenons de l’autre, de ses erreurs aussi, comme des nôtres.

– Gwenn –