Sensuelle paella

Sensuelle paella

17/11/2006 2 Par Gwenn

Plaisir de bouches partagées.
Le poulet rissole dans le wok, il s’en occupe, ces petites cuisses doivent dorer de tous côtés pour exhaler leurs parfums. Il les retourne, les couve du regard, les cajole.
Moi je plante mon couteau dans ces chairs rouges et roses, le poivron qui résiste, les tomates qui coulent, les oignons qui piquent. Larmes qui coulent, aveugle je continue mon travail, l’ail y passe aussi, le chorizo suppure de plaisir, le lard se sépare de sa moitié sans regrets.
Un regard enjôleur, il me tend un verre, le vin rafraîchit ma gorge et éveille mes sens. Il m’a eue, il le sait.
Les cuisses sont chaudes, il les sort délicatement et me tend sa poêle. J’y verse avec plaisir mes chairs encore froides. Ça pétille de tous côtés, ça grésille, moment intense de plaisir et de rires partagés. Les odeurs nous enveloppent, l’alcool monte en moi, mon corps se réchauffe.
La cuisson des ingrédients nous laisse un temps de répit pour notre propre cuisine. On malaxe, touche, frôle, dans une danse de bouches qui se cherchent et se fuient. Les mains cherchent les portes du plaisir, mais l’appel du wok est plus fort.
C’est le moment d’y verser l’ingrédient suprême, le riz, encore tout dur et froid il se gonfle dans les jus. Il rosit de plaisir, se mélange avec volupté aux chairs végétales et aux cuisses animales qui sont venues s’y glisser entre temps. Tellement animales les cuisses qu’elles fondent, tournent, se cabrent. Les couleurs nous hypnotisent, les parfums nous enivrent, le verre se remplit et se vide aussi vite.
La course est lancée, les épices sont jetées, l’eau coule et le bouillon fond.
Bruits du bois contre le fer, sensations de corps spongieux qui glissent sur la cuillère, corps qui se poussent pour y assister, regards qui poussent leurs cris de joie, qui pétillent d’arrogance devant ce spectacle si bien orchestré.
La pression retombe, le mélange frémit en douceur, c’est le moment de servir et de déguster.
Rideau fermé, besoin d’intimité.